LE CHAT ET LE PIGEON

17/2/13

     Le Chat et le Pigeon


Un soir non loin d'immeubles d'une grande cité
Un chat effrayé, affamé peut-être,
Regarde de l'intérieur d'un buisson voleter
Un pigeon désarmé en quète, qui s'affaire
A se poser pour un vers de terre vite avalé.


Tous deux unis prédateur et proie rapprochés
En choeur dans leur chasse concentrés
Tous deux unis inconscients de leur destin
Liés aux intérêts humains
Qui sonnent comme un tocsin
Au nom du bien-être citoyen.



Pigeon qui ne roucoule presque plus:
Grillages aux anciens nichoirs.
Plus d'amour pour lui si fidèle toujours
A sa pigeonne qui ne fait que déchoir
A chercher vaillamment un abri sans bise.


Bonbonnières, La Fontaine, Venise:
Les admirateurs disparaissent refoulés.
Une miette accordée devient pénalité.
La nature et sa faune en ville s'amenuisent.


Le chat dehors qui ne ronronne presque plus:
Chat libre prisonnnier du vivre
A tous vents sans jamais en sortir
S'il suit la loi qui l'a pourtant sauvé.
Ne jamais prendre de repos mérité


Chez ceux qui heureusement
Sont ses amis bipèdes humains protecteurs
Qu'il choisit
Qui l'admire
Et le nourrisse avec leur coeur.


Résolument
Ardemment

Le chat et le pigeon
Chacun à leur façon,
Tous deux en sursis
Par une société en demande d'aseptie,
S'épient, se devinent.
Ces deux mal-aimés attendent
Cet humain qui vers eux chemine,
Tendus comme des drapeaux au vent,
Celle qui  tous les soirs
Est leur espoir
Bon an 
Mal an
Et vient les admirer, les soutenir
Et même les chérir
Loyalement contre loi
Avec foi
Même si la vie est dure 
Le soir dans le semi obscur
Sous la voûte étoilée.

Elle leur redonne l'envie et la paix parfois révée.
Il fait bon alors de caresser le chat,
De voir battre des ailes, puis l'envol du pigeon,
Dans une trêve où d'autres humains
A l'affût sans cesse du gain
Pourraient pourtant en si peu d'efforts
remplir leur besace d'une vision d'or:


Un chat, un pigeon,
S'éloignant d'une patte, d'un envol,
Sans discours, sans manière,
Sans combat. Pas si fols !
Sur leur petit bout de terre.
Ne voulant rien régir:
Juste un peu de vie s'offrir...


Agnès Morvan




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